Les aimables Petits diables de la rue Bijou
Le récit ou roman autobiographique se nourrit du vrai autant qu'il s'accommode de la fiction. Alors quelle part attribuer entre les deux ? Le réel se joue du fictif dans "Les Aimables petits diables de la rue Bijou" de Petit- Goave, ville d'Haïti que je connais comme le fonds de ma poche. La frontière entre le fictif et le réel semble se superposer, se chevaucher ici. Mais la seule, la vraie qui demeure, résulte en cet énoncé qui fait de l'enfance, le territoire nourri du bonheur et de l'insouciance, de "L'enfance est un ciel libéré de nuages et d'orages".
Un humour décapant traverse le récit jusqu'à le porter et le clore dans l'eau rafraîchie du fantastique. Et le fantastique roule des lieux riches de frayeur, de peur... Dany Laferrière vit quelque part dans les phrases de Jacob Jean-Jacques, dans la simplicité du dire et l'humour qui trace de chaque séquence, un univers de couleurs, de chaleurs, débordé d'innocence, parsemé de lumières et de zestes parfumés de vie. Si le " je" autobiographique est un prétexte qui cache un double, un autre, "Les aimables petits diables de la rue Bijou" est une autobiographie romancée à la limite...
James Stanley Jean-Simon
Écrivain et critique littéraire